Corporate Hacking : qu’est-ce que c’est ?

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J’ai décidé de soutenir et de participer à l’aventure des Hacktivateurs. D’une part, parce qu’il y a là un certains nombres de copains, et de relations pro que j’apprécie vraiment, et d’autre part parce que les valeurs de cette association me parlent. Des valeurs de bienveillance, d’ouverture, et de sens du progrès, motivées par, et centrées sur l’humain.

Confession

Je vais commencer par une confession : je ne sais pas ce qu’est le corporate hacking. J’en ai une vague idée, mais rien de bien clair, bien que je pense être un corporate hacker. Lors de la soirée de lancement de l’association, j’avais « promis » de pouvoir a minima aider à publier quelques articles. Je voudrais donc commencer par cet article. Le corporate hacking, qu’est ce que c’est ? pourquoi ce terme anglais, au delà des modes et effets de buzz ?

Essai de définition

Le corporate hacking, en gros, c’est le fait d’utiliser les moyens mis à disposition par l’entreprise dans le cadre d’une fonction, pour faire bouger les lignes au-delà cette simple mission. Sens de l’opportunité, voire de l’improvisation, détournement positif, et bricolage organisationnel : pour le corporate hacker, tous les moyens ou presque sont bons pour œuvrer, dans le collectif, à l’amélioration de l’entreprise. Le corporate hacking ne joue pas contre l’entreprise, mais au service de la transformation de celle-ci, et dans le respect de sa raison d’être profonde.
Ces quelques éléments posent question : n’est pas simplement une manière de décrire des collaborateurs engagés ? En partie, bien sûr, mais pas uniquement. Un salarié engagé peut aider à la transformation, et aller au-delà de ses missions. Mais je crois que le corporate hacking décrit une manière de faire un peu plus « rebelle », un peu moins « bon soldat », ou pour le dire mieux une manière un peu plus autonome de faire. Le corporate hacker n’attend pas que les ordres lui arrivent pour agir hors du cadre : c’est sa manière d’être. Le côté « rebelle » peut aussi correspondre à des personnalités peu à l’aise dans la bureaucratie qui, malheureusement, est un des problèmes rencontrés dans certaines entreprises. Essai de définition, donc (je définis les corporate hacker, le corporate hacking n’étant au final que l’ensemble des actions conçues et exécutées par les corporate hackers) :

== M.A.J 28.04 suite aux commentaires ==

Corporate hacker : collaborateur(trice) dont l’engagement dans ses missions s’exprime par une capacité à œuvrer au-delà de celles-ci, avec d’autres, en gardant toujours à l’esprit non pas le respect du statut ou du rôle de telle ou telle personne, ou de la structure organisationnelle existante, mais l’intérêt et le sens, la raison d’être, de l’entreprise humaine collective à laquelle il participe. »

Pourquoi pas en français ?

Parce que les traductions les plus satisfaisantes de hacking en français sont « bidouillage », « détournement ». Le premier semble décrire quelque chose de trop approximatif (ce qui n’est cependant pas toujours faux en ce qui concerne les actions des corporates hackers, car l’agilité leur importe plus que la rigueur), et le second est trop proche du champ sémantique de la « piraterie ». C’est d’ailleurs le fruit d’une méconnaissance assez répandue : le cracker vise à détruire, là où le hacker veut détourner pour créer du nouveau, de la valeur. L’intérêt de l’association des termes « corporate » et « hacker », c’est qu’elle dit à la fois l’attachement à l’alignement avec l’intérêt de l’entreprise, et la nécessité d’avoir des marges de manœuvres en internes pour faire au mieux, et dépasser les silos organisationnels.

Pourquoi a-t-on besoin de corporate hackers ?

Certainement pas parce que d’infâmes individus à courte vue empêchent toute évolution des structures, pour des visées personnelles. Ces individus existent au sein des entreprises, et existeront probablement encore pour un petit moment. Non, la raison est plus basique : les groupes humains, pour bien fonctionner ont à la fois besoin de règles de fonctionnement, et de capacités à revisiter ces règles régulièrement pour maintenir une capacité d’adaptation. Le monde bouge autour des entreprises, leur écosystème aussi, et cette adaptation permanente n’est pas une option, mais une condition de survie. Le corporate hacker force l’entreprise à apprendre, à douter, à aller explorer.

Plus les gènes de ces règles internes sont rigides, moins elles comprennent de processus intégrés d’adaptation et d’apprentissage, et plus les corporate hackers sont nécessaires. Pour le dire vite : les corporates hackers sont les empêcheurs de penser et tourner en rond des entreprises.

Hackers inside

Voilà probablement pourquoi, en ce moment, une association comme les hacktivateurs est nécessaire et utile. Parce que la transformation à l’œuvre dans les entreprises implique de lourds changements culturels. Les entreprises qui mettront en avant des comportements d’agitateurs bienveillants sont probablement celles dont les leaders auront compris l’importance de l’adaptation continue, au prix même d’une certaine instabilité.


7 réflexions sur “Corporate Hacking : qu’est-ce que c’est ?

  1. L’état d’esprit de ce « mouvement  » est fort bien expliqué . Je suis très en ligne avec cette philosophie de pensée et d’actions que j’essaie d’impulser sur mon propre périmètre tant vers le management « hiérarchique  » que les équipes opérationnelles . Merci, poursuivez vos billets sur le sujet 😉

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    1. Bonjour, merci pour votre gentil commentaire. Je vous recommande la lecture du bouquin de Frédéric Laloux, puisque vous semblez en phase avec les Hacktivateurs, « Reinventing Organizations ». Il donne beaucoup d’éléments et de modèles concrets, pragmatiques et à la fois idéalistes. Must Read ! 🙂

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  2. Juste un avis à lecture de la définition, mentionnant un éventuel irrespect des personnes. Ma vision du corporate hacking est « people care », respectueuse des uns et des autres. Mais il est vrai qu’un.e corporate hacker peut être amené.e à faire fi du « statut de telle ou telle personne » en cas d’incompétence et pouvoir de nuisance associé… La bienvaillance est de mise !

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    1. @Chrystele Verfaille : tu as tout à fait raison…. il est bien clair que « aucune croyance n’est respectable, toutes les personnes sont respectables ». j’ai mal formulé ma phrase et je vais modifier en conséquence, gra^ce à toi. Sans respect pour le statut ou le rôle des personnes, mais en les respectant bien sûr. Bienveillance toujours !

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